jeudi 8 janvier 2009

Mohamed El Hayani


Mohamed El Hayani : D’où était-il originaire?
El Hayani, de son vrai nom Si Mohamed LAHYANI - Qu'Allah ait son âme en sa miséricorde - né à Casablanca en 1943 et décédé le 23 Octobre 1996 à l’Hôpital Ibnou Sinaa à Rabat, avait un père prolétaire loyal, docile, illettré, indulgent et très pieux. Sa mère, encore vivante, est une femme d'intérieur, conciliante, dominante et attentive, et aussi méfiante et farouche.
Feu Si Mohamed El Hayani était donc le produit d’un couple ordinaire et modeste où rien ne lui permettait de recevoir ce qu’il avait donné, sa vie durant. Dans ce milieu naturel, nulle chose ne laissait présager qu'on pouvait y acquérir ce qui conduisait à devenir un homme public.
Ses parents, descendants d'une famille Charkaouya qui avait quitté, il y a plusieurs générations Boujad, se déplaçant au gré des événements jusqu'à traverser l'Atlas, pour enfin s'implanter dans une oasis appelée Skoura, avaient, dans les années vingt et trente, fait le chemin inverse pour venir s’installer à Casablanca.
La tribu de Skoura des Ahl El Ouest est située entre Ouarzazate, la ville du cinéma et Kalaât M'gouna, connue pour son Moussem des roses. Le Dchar natal des parents du défunt, Douar Ait Ben Cherki, où des ruines témoignent de la grandeur des anciens, est un hameau d'habitations en dur, dépendant de la Machyakhat Amazzaourou, fraction Lahyaina, d'où le nom patronymique LAHYANI
Un chanteur d’une trempe exceptionnelle
Depuis son lancement, Si Mohamed El Hayani avait multiplié succès après succès. Il a été tout le temps classé parmi les premiers chanteurs au Maroc. Il avait toutefois marqué son parcours que l'on ne peut qualifier ni de carrière ni de métier par des sorties fracassantes.
On le sait, au Maroc, la chanson est une chose abstraite qui ne donne lieu qu'au paiement d'une somme d'argent, sous forme de cachet ou de forfait, ne conférant aucun droit de propriété au chanteur qui peut, en plus, être dédoublé. C'est-à-dire que n'importe qui a toute latitude d'enregistrer ce qu’il a interprété, de son vivant ou après sa mort, avec seulement l'autorisation du détenteur de droit d'auteur, en l'occurrence le parolier, le compositeur ou le producteur.
En marquant son dernier retour dans l'espace artistique, le 2 décembre 1991, après une retraite forcée, lors d'une soirée organisée avec un éclat au Royal Mansour à Casablanca, il s’était définitivement imposé par une renaissance mélodique triomphale.
Il avait une enfance normale
De sa petite enfance à l’âge où il s’était pris en charge, les siens remarquaient chez Si Mohamed, d'un physique charmant, son calme, sa manière de soigner son look et son attitude à se satisfaire de peu ; il se coupait bien les cheveux, et à longueur de journée, il se lavait et s'habillait au mieux qu'il pouvait, sans user du tapage, comme le faisait son frère aîné, pour réclamer des vêtements neufs à l'occasion des fêtes.
Il avait grandi dans une famille où on mangeait à sa faim, tenu au chaud; ce n'était pas la fortune ou la misère, juste le nécessaire pour vivre décemment. Durant son enfance, et, par la suite, son adolescence, il s'affirmait dans cette ligne de désintéressent et d’indifférence. La facilité et la négligence constituaient sa préférence. Devant des situations délicates ou complexes, il optait pour l'abandon ou la résignation.
Ingratitude
Au fur et à mesure que Si Mohamed El Hayani fréquentait les hautes sphères, et à force de côtoyer des gens de grandes familles, la belle vie, le confort et les décors attrayants l’attiraient, forgeant en lui le goût du luxe. Ce point faible a été exploité par ses détracteurs pour le saper, sans vraiment atteindre sa célébrité, toute réussite suscitant automatiquement des jalousies et des convoitises, cela étant évident.
D'un caractère étranger au milieu professionnel où il évoluait, il subissait coup après coup, avec fureur et sans pitié, et cumulait intérieurement les effets néfastes de ces frictions, sans aucun moyen efficace d’amortir ces chocs; il ne s'en inquiétait même pas, mais il en était stressé jusqu'au bout.
Une quinzaine d'années avant sa mort, il s’était bêtement tombé dans un piège que ses ennemis lui avaient soigneusement tendu ; sciemment préparé, ce gouffre était catastrophique pour le restant de sa vie. Sans le savoir, il s'est jeté dans la gueule du loup, sous l'emprise d'un amour trompeur et nuisible ; il résistait de toutes ses forces, dans le chagrin et en silence.
Le fait que la profession ne lui ait pas rendu un hommage posthume, après sa mort, est une certitude de cet acharnement.
Les secrets de la gloire
Lorsqu'on avait découvert que sa voix était un don divin, il ne faisait rien pour se faire valoir : au lieu de brûler les étapes pour se lancer, il attendait patiemment les choses venir vers lui, n’exprimant aucune ambition, et ne manifestant pas de prétention. Il s’était toujours contenté de son rôle de chanteur, ne cherchant pas de cumul.
Il allait doucement mais sûrement; avec l’avènement du petit écran, sa gloire le surprit. Personne ne pouvait plus nier sa célébrité en tant que chanteur.
Il n'a jamais été le genre à guetter les occasions ou à en profiter à fond, lorsqu'elles se présentaient spontanément. Il n'était pas, non plus, animé de l'esprit d'assisté ; la sauvegarde de sa dignité l’empêchait de courtiser les gens.
Parcours
Il n'est pas aisé de retracer le parcours de feu Si Mohamed El Hayani, tellement son oeuvre artistique était abondamment diversifiée et progressivement dispersée, de sorte qu'il s'était distingué, dans le domaine de la chanson, par un accomplissement persévérant, mais sans précipitation, aucune ; la description par étapes de sa carrière semble mieux convenir pour présenter son itinéraire.Ainsi, il a débuté dans le métier, après un bref passage au conservatoire municipal de Casablanca, par l'interprétation de sa première chanson en compagnie de l'orchestre de la Radio de cette agglomération, métropole d'où il était natif. Auparavant, et depuis sa petite enfance, il avait découvert sa vocation, en chantant passionnément Mohamed Abdelwahab et Abdelhalim Hafed ; il s'était avéré que sa voix était un don divin ; un professeur avait indiqué d'ailleurs qu'elle n'avait nullement besoin d'être travaillée. C'était un atout formidable pour son avenir Le déclenchement de sa carrière s'était produit lorsque, en 1961, l' avènement de la boite magique, qu'est la télévision, aidant, Si Hamid Benbrahim avait cru en lui ; il faisait alors partie de la chorale de l'orchestre national. Des coups de pouce de Si A.T. El Alj & Si A.Chenguiti n'étaient pas suffisamment énergiques pour un vrai décollage ; il ne restait pas moins que ces différentes tentatives constituaient la première étape dudébut de carrière de Si Mohamed El Hayani.Son départ à l'improviste pour le Caire, une fois lancé son cri d'alarme, avait pris une tournure dans sa vie d'artiste montant et prometteur. Il était parti rencontrer les grands et en côtoyer les meilleurs, voulant entrer par la grande porte dans la profession. Ce fut pour lui une élévation d'esprit et un enchérissement indéniable pour avoir beaucoup plus de confiance en lui. Il avait regagné la patrie, la tête haute, armé d'une bonne dose de réalisme pour embrasser de vrai son métier de chanteur ; cette seconde étape, sans bruit ni tapage, le mit en bonne disposition pour se mettre au service de la musique.Grâce à sa collaboration avec les grands compositeurs et chefs d'orchestre, en l'occurrence, feu Si Abdeslam Amer et Si Abdelkader Rachdi, ainsi que sa coopération avec Si Abdelati Amenna, Si Abdelkader Ouhbi ou Si Abdellah Issami, le point de départ de sa carrière était définitivement marqué. En un laps de temps, il devint à la fois confirmé et renommé, sa célébrité ayant pris des coups d'accélérateur. Il décida alors d'entreprendre sa première tournée à l'étranger, portant son choix sur le pays voisin où il avait émerveillé le public algérien, par ses passages à la télévision et les nombreuses soirées publiques organisées ici et là. C'était pour l'examen de passage pour démontrer sa maîtrise dans le domaine de la chanson, en tant qu 'interprète artistement apprécié et hautement valorosé.Entamant l'étape suivante, au retour, il forma un trio avec le parolier Si Ali Haddani et le compositeur Si Hassan Kadmiri ; il en résulta des succès répétitifs qui se suivaient et ne s'arrêtaient pas : un travail biensélectionné et raffiné. Ce fut le disque platine, puis le disque d'or, la décoration par le Président Bourgiba, et un début au cinéma, suivi de sa consécration meilleur chanteur de l'année : un événement capital pour savie. Il en devint une star parmi les quelques noms qui occupaient une bonne place dans le milieu professionnel, sans un statut défini, certes.Vint ensuite une période sombre où il s'était complètement retiré du champ pour donner libre cours aux autres, à la grande surprise de ses nombreux admirateurs qui jugeaient incompréhensive cette absence totale de la scène. Il s'était isolé pour procéder à un examen de conscience, en analysant son bilan et en en évaluant les côtés positifs et négatifs ; durant plusieurs mois, il ne faisait que méditer, allant jusqu'à intriguer ses concurrents ; il en était heureusement sorti en se ressaisissant lui-même pour se lancer ànouveau.Le dernier épisode de sa vie artistique, en reprenant son travail, avait révélé son couronnement, puisque il devint le chanteur le plus populaire par son style ; l'encouragement de son public qu'il charmait à tous les coups,était tellement remarquable que son lien avec l'art devenait irréversiblement solide. C'était le moment fort où il avait atteint sa gloire, de sorte qu'il ne vivait plus que pour la chanson, surtout enluthiste. Il acquit la qualité de superstar bien aimée. Sa notoriété l'incitait à entamer de grandes tournées dans le monde arabe, en Europe et en Amérique. L'honneur d'être apprécié à sa juste valeur dans les soirées mondaines de la haute sphère concrétisa son succès. Toutefois, cette grande période a été entrecoupée par sa maladie, accompagnée d'un talonnement qui lui causait énormément de problèmes. Il en avait grandement souffert.Toujours est-il qu'il était parti en laissant un répertoire de 34 chansons de meilleurs choix et de bon goût, presque toutes très agréables à écouter.

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Naima Samih


Naima Samih : était, samedi 5 octobre, l’invitée de l’émission de 2M « Assahratou lakoum ». Un « petit » hommage a été rendu à cette grande dame de la chanson marocaine. « Petit » parce que Naima Samih mérite mieux. L’émission a été rehaussée par la seule présence de cette diva.
Le plaisir de la revoir et de la voir s’exprimer sur la télé, a fait oublier les cafouillages et ratages de la présentatrice. Naima Samih est une voix authentique, unique, inégalable. Beaucoup l’ont imitée, mais ne sont jamais parvenus à l’égaler. Naima Samih, c’est 30 ans de présence sur la scène. Car Naima (c’est tout simplement par son prénom qu’on l’appelle affectueusement) n’a jamais souffert de l’usure du temps.
D’origine sahraouie, Naima commença à chanter à l’âge de 9 ans. « A l’époque, se souvient-elle, j’étais à l’école et je chantais sans cesse. On avait peur que je contamine mes camarades de classe ».
Elle quitta l’école prématurément et alla travailler chez une couturière. Là aussi, son amour pour le chant prit le dessus.
C’est au début des années 70 qu’elle fut révélée à ses concitoyens. C’était lors de l’émission de feu Abdelkader Rachdi « Mawahib », là par où sont passées plusieurs stars de la chanson marocaines, telle Rajae Belemlih.
Dans les années 80, le monde arabe fit connaissance avec Naima. Hospitalisée pour une grave intoxication, elle eut le temps de répéter alors sur le lit Yaka Ajarhi. La chanson fit un tabac. Naima la chantera un peu partout dans le monde arabe et dans plusieurs pays européens. Une star était née.
Naima, qui en a vu durant sa vie de toutes les couleurs, donne souvent l’impression de chanter ses propres peines.
L’« Edith Piaf » marocaine Voix douce et mélancolique, l’« Edith Piaf » marocaine a toujours eu le sens de l’humilité. En dépit de ses succès et de sa remarquable renommée, elle a toujours su garder la tête sur les épaules. L’Egypte, fief de la chanson arabe, ne l’a jamais attirée. « J’estime, dit Naima, que l’on peut réussir et se révéler au monde à partir de son pays d’origine sans avoir à émigrer ».
Elle a côtoyé les plus grands paroliers et compositeurs marocains. Tous, les vivants comme les morts, ont eu beaucoup d’estime pour elle. Tout comme le public marocain qui lui a toujours témoigné amour et respect.
Naima, c’est aussi l’histoire d’une femme à part qui, plus que n’importe quel autre artiste, a souffert de la rumeur. Combien de fois on l’a donnée morte ! Combien de fois on l’a accusée de s’adonner aux drogues ! Mais Naima a appris à traverser les moments les plus difficiles grâce à sa foi et « ridat al waladine », comme elle dit.
L’une des phrases préférées de Gainsbourg était : « La laideur a ceci de supérieur à la beauté : elle dure ». Heureusement que le bonheur consiste dans le constat inverse. Car il est des beautés qui durent, perdurent, s’épanouissent même avec le temps. Naima Samih est de celles-ci.

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Abdelhadi Belkhayat


Abdelhadi Belkhayat : Né en 1940 à Fès, Zougari El Idrissi Abdelhadi, dit Belkhayat, a quitté trés tôt sa ville natale pour s'installer à Casablanca. Une audition à la radio, rue l'Brihi, le pousse rapidement sur le devant de la scène. Dominée à l'époque par Mohamed Fouiteh, Maâti Benkacen, Brahim Alami. Il réussit à imposer son style avec sa voix chaleureuse et ses mélodies d'influences orientales. Il représente la nouvelle génération avec Abdelwahab Doukkali, Latifa Amal, Mohamed Hayani. Une génération fascinée par l'Egypte et ses Oum Kalthoum, Farid El Atrach et autres Abdelhalim Hafez. Ce pays avait recu a bras ouverts Sabah la libanaise, Warda El Jazaereya et bien d'autres. Ce qui décide Belkhayat à partir effectivement à la conquête du pays des pharaons et espère trouver une place au soleil. Il s'inscrit au conservatoire supérieur de musique arabe du Caire et trouve tant bien que mal sa place dans cette jungle dominée par certains auteurs et compositeurs. Mais c'est la grande déception qui l'attend. Le dilemme étant de chanter en misriya ou rentrer bredouille. Il choisit la deuxième option. Les trois années (entre 1965 et 1967) passées là-bas lui ont permis malgré tout de se faire connaître du public égyptien. Beaucoup d'égyptiens se rappellent encore de son passage et regrettent qu'il ne soit pas resté. Belkhayat, lui n'a pas regretté, puisqu'il a accumulé succés et gloire tout en préservant son style original. Il est non seulement la coqueluche de toute une génération de marocains mais devient vite une star en Algérie, puis plutard en Tunisie et en Libye. En 1973, son Olympia à Paris rassemblera plus de gens sur le trottoir que dans la salle par manque de places. A cette même époque, il tente une carrière cinématographique avec deux rôles proposés par le réalisateur marocain Abdellah Mesbahi :"Silence sens interdit" (1973) et "où cachez-vous le soleil?" (1979) où il partage la vedette avec Abdelwahab Doukkali. Ces films, tournés entièrement au Caire, sont restés inédits au Maroc. Pendant ce temps, il multiplie les collaborations avec des auteurs comme Ahmed Tayeb Elalj et Abderrafiî Jaouahiri et son compositeur favori Abdeslam Amer qui ont su populariser son côté classique tout en lui apportant une touche chic et romantique. El Qamar el ahmar, Fi Qalbi jarh q'dim, Aouni nensak sont de grands classiques et font désormais partie du patrimoine collectif marocain. La voix forte de Belkhayat présente l'avantage de s'adapter à différents genres musicaux. Il peut passer sans complexes de la plus difficile qassida de Mohammed Abdelwahab au plus populaire des airs de Hocine Slaoui. Le succès continuera jusqu'à la fin des années 80 où il entame une période mystique et se consacre exclusivement aux psalmodies coraniques. Il se retire dans une mosquée casablancaise et fait l'imam pendant quelques années. Ses fans, pendant ce temps, continueront à répéter le refrain de son qitar El hayat, son dernier véritable succés, tout en le considérant comme le dernier mythe marocain vivant, au même rang que Nass El Giwane ou Jil Jilala.En cette année 2000, Abdelhadi Belkhayat décide de ne pas s'arrêter là et reprend la chanson pour satisfaire un public toujours demandeur. Il promet un album pour l'année prochaine mais aussi une grande tournée à travers les villes du royaume

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